Chronique de l’abbé Richard Beaulé dans la revue Ensemble de l’archidiocèse de Sherbrooke automne 2017

Chronique de l’abbé Richard Beaulé dans la revue Ensemble de l’archidiocèse de Sherbrooke automne 2017.

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Naaman le mécontent…

 

Naaman le mécontent…
Certaines personnes ne sont jamais contentes et trouvent toujours à redire dans n’importe quelle situation ; l’histoire de Naaman nous le démontre très bien.
Ce dernier est général de l’armée du roi de Syrie et il est lépreux. Lors d’une expédition syrienne en Israël, une fillette avait été faite esclave. Un jour, cette dernière dit à sa maîtresse : « Si mon maître s’adressait au prophète qui est à Samarie, il serait guéri de sa lèpre. »
Naaman fit donc part à son roi de son désir d’aller rencontrer le prophète Élisée. Le roi lui donna une lettre de présentation. Chargé de cadeaux, le convoi se mit en route et s’arrêta à la porte de la maison d’Élisée. Ce dernier lui fit dire : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain et ta chair  redeviendra nette. »
Naaman est offusqué du fait qu’Élisée n’ait même pas daigné sortir à sa rencontre. Il s’était dit : « Sûrement il va sortir et se tenir debout pour invoquer le nom du Seigneur son Dieu ; puis il agitera sa main au-dessus de l’endroit malade et guérira ma lèpre. Est-ce que les fleuves de Damas, l’Albana et le Parpar ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Si je m’y baignais, est-ce que je ne serais pas purifié ? » Il tourna bride et partit en colère.
Mais ses serviteurs lui dirent : « Si le prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, tu l’aurais fait, n’est-ce pas ? Combien plus, lorsqu’il te dit : Baigne-toi et tu seras purifié. »
Naaman obtempéra aux arguments de ses serviteurs. Il descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à l’ordre d’Élisée. Alors sa chair
redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte. Il entra et déclara : « Je le sais
désormais ; il n’y a pas d’autre Dieu sur toute la terre, que celui d’Israël. »

Sceptique
Nous sommes parfois très capricieux et susceptibles. Nous voulons être sauvés, mais à notre manière. Nous manquons carrément de foi et nous demeurons sceptiques face aux gestes de guérison proposés par les intervenants divins.
Nous sommes avides de miracles, mais leurs déroulements doivent se faire selon nos mises en scène. Nous ne sommes pas des sauveurs : nous sommes des sauvés.
Naaman nous donne une bonne leçon malgré tout. Il proclame sa foi à ce Dieu d’Israël qui l’a guéri de sa lèpre. Son mécontentement nous manifeste son impatience et sa suffisance : nous nous reconnaissons bien dans ces attitudes orgueilleuses.
C’est Jésus le Christ qui est le grand architecte du Royaume. Il est la pierre d’angle sur laquelle toute la construction se réalise. Ma petite pierre, ma petite brique, ma minuscule tesselle se perd dans l’immense murale qui l’entoure.
Une seule chose m’importe : le salut provient du Christ et je dois l’accueillir avec humilité et simplicité. Je le répète : « Il est prétentieux de se croire sauveur alors que nous sommes sauvés. » Naaman était mécontent. Il a dû rebrousser chemin, se baigner sept fois dans le Jourdain et venir proclamer, devant le prophète Élisée, que le Dieu d’Israël était le seul vrai Dieu.
Notre impatience nous rend parfois bougon et mécontent. Il ne faut jamais oublier que nous n’avons pas tellement d’emprise sur le salut et que
nous sommes de pauvres serviteurs. Comme prêtre et pasteur, il ne faut jamais oublier que la compassion et la tendresse se sont incarnées en Jésus et
doivent demeurer les fondements et les piliers de toutes nos interventions pastorales. Nous ne devons jamais refuser le salut et le pardon à qui nous
en fait une demande sincère.
Naaman était mécontent et insatisfait de ce que Dieu exigeait de lui : « Va te baigner sept fois dans les eaux du Jourdain et ta chair redeviendra nette comme celle d’un petit enfant. »
Une telle prescription médicale est facile à accomplir. Je sors tout de suite ma carte « Soleil », car j’ai bien des raideurs et de l’arthrose à signaler à
Élisée…
Richard Beaulé