L’aveugle-né
L’aveugle-né
Le miraculé est un aveugle de naissance; pourtant, il voit le Christ avec les yeux de son cœur et le reconnaît comme prophète et sauveur. Il se prosterne devant lui. Dans la première lecture (1 Sam 16), on dit que Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. L’aveugle regarde Jésus avec les yeux de son cœur : si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. Il m’a ouvert les yeux et chacun sait que Dieu n’exauce pas les pécheurs. Ce Jésus est un prophète.
Les pharisiens ne sont pas aveugles de naissance mais ils sont aveuglés par leur connaissance. Nous savons, NOUS, que cet homme est un pécheur. Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. Il a fait un peu de boue avec de la terre et de la salive pour guérir la cécité de l’aveugle. Une telle attitude ne respecte pas l’interdiction de faire le moindre geste pendant le repos du sabbat. Un vrai prophète ne guérit pas le jour du sabbat.
Les pharisiens sont suffisants, arrogants, méprisants envers l’aveugle: tu es rempli de péché depuis ta naissance et tu nous fais la leçon ? Serions-nous aveugles nous aussi ? Ils s’entêtent à vouloir avoir raison. Ils font enquête, procèdent à des interrogatoires, endossent les commentaires des voisins de l’aveugle, questionnent les parents, interrogent l’aveugle lui-même à deux reprises (Je vous l’ai déjà dit et vous n’avez pas écouté). Ils s’entêtent dans leur aveuglement. Leur verdict est clair : ce Jésus n’est pas l’envoyé de Dieu car il ne respecte pas le sabbat.
Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir… Les pharisiens sont tellement aveuglés qu’ils en deviennent sourds : quand ils demandent pour une deuxième fois à l’aveugle-né : Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? Ils se font répondre : Je vous l’ai déjà dit et vous n’avez pas écouté.
Cet évangile nous place devant deux attitudes :
Une attitude suffisante, bornée et hautaine de la part des pharisiens. Ils injurient l’aveugle, le méprisent. Ils s’entêtent à ne pas voir la lumière… Ils sont aveuglés par leur certitude d’être dans la vérité. Nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Ils persistent à démontrer, par leurs enquêtes et leurs interrogatoires, que Jésus n’est pas un envoyé de Dieu.
L’attitude de l’aveugle est tout à fait contraire : son raisonnement est clair : j’étais aveugle et maintenant je vois. Ce Jésus qui m’a ouvert les yeux, est un prophète. Un homme pécheur ne peut pas accomplir des signes pareils. Voilà pourquoi il se prosterne devant Jésus et l’accepte comme son Sauveur.
Quant à nous, nous devons nous demander à partir des textes de ce dimanche :
Sommes-nous aveuglés par nos certitudes, nos convictions, nos connaissances? Sommes-nous disposés à nous remettre en question ? Jésus nous dit : Je suis venu en ce monde pour une remise en question; pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles.
Suis-je un pharisien qui s’enferme dans ses dogmes et ses certitudes, qui tient à tout prix à avoir raison, qui juge sévèrement, injurie et méprise ceux qui ne pensent pas comme moi, qui ne sait pas reconnaître les signes de Dieu dans la vie des autres qui m’entourent ?
Suis-je un aveugle qui sait reconnaître ce Jésus et me prosterner devant celui qui m’ouvre les yeux ? Suis-je disposé à vivre comme un fils – une fille de la lumière, à me laisser illuminer par le Christ ? (s.Paul aux Éphésiens, 2e lecture).
Demandons tous à Dieu de nous ouvrir les yeux du cœur et d’apprendre à regarder le monde et les autres comme Lui les regarde. C’est la grâce que je vous souhaite. Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. AMEN.
Richard Beaulé 5-6 mars 2017