Homélie du 23e dimanche du Temps Ordinaire 2017

L’homélie du 23e dimanche du Temps Ordinaire  avec l’abbé Denis Cournoyer, à l’église Saint-Stanislas d’Ascot Corner, le 10 septembre 2017.

 

Alors, frères et soeurs, la Parole de Dieu aborde aujourd’hui un sujet délicat. Parce qu’il concerne les liens entre nous. Mais le texte qui précède, celui que je viens de proclamer, c’est la belle parabole de la brebis perdue. Les enfants en catéchèse connaissent bien cette parabole, ils se reconnaissent souvent dans cette petite brebis. Dieu va courir après la petite brebis qui s’est égarée au risque de perdre les autres qui sont déjà en sécurité dans le bercail. C’est pour nous dire qu’il ne veut perdre aucune des personnes qui lui appartiennent. Chacun, chacune de nous, quelles qu’ils soient, on a une place dans le cœur de Dieu. Sa préoccupation pour qu’il y ait des liens entre Dieu, pour lier les gens avec lui. Et là, ça continue dans l’évangile d’aujourd’hui. C’est au niveau de nos liens entre nous. Si ton frère a fait quelque chose contre toi, va au moins le voir lui, seul à seul. Ça dérange, parce qu’à cause de nos mœurs aujourd’hui, souvent quand on a quelque chose à dire contre quelqu’un, tout le monde le sait, sauf la personne concernée. Même sur les réseaux sociaux, on en met, on part une rumeur, on peut tuer la réputation de quelqu’un. On a cette tendance à fuir la réalité. On a oublié d’aller se rencontrer : c’est difficile d’aller rencontrer quelqu’un avec qui on a un conflit, quelqu’un avec lequel on n’est pas d’accord. SI vous le faites, il faut le faire avec beaucoup de discrétion. Si vous faites ça avec quelqu’un que vous haïssez, ça ne marchera pas. Faut que la personne sente qu’on l’aime, qu’on la considère comme quelqu’un d’important. Si on a des remarques à lui faire, c’est pas pour lui faire de leçons, mais c’est pour l’aider à se comprendre, à mieux vivre comme des chrétiens. Mais dans un monde païen, j’ai pas besoin de vous l’enseigner, un monde où l’on essaie d’oublier que Dieu est là, qu’on est des frères et des sœurs, un monde de compétition, un monde de bavardage, de placotage. Sur les réseaux sociaux, c’est incroyable tout ce qui peut se dire là-dedans. Je ne les suis pas mais j’en entends parler beaucoup de tout ce qui peut se dire. Alors il y a beaucoup de vengeance, de fausses vérités, et comme dirait un certain président, de “Fake News”. C’est pas juste aux États-Unies qu’il y a des “Fake News”. Il y a toutes sortes de choses qu’on dit. Quand ton frère est en conflit avec toi, quand quelqu’un à côté dans ta famille, arrête de le dire aux autres, va voir cette personne-là d’abord, parle avec, essaie de lui expliquer. C’est exigeant: parce que souvent, il faut faire attention, quand on fait des remarques à d’autres, peut-être qu’on peut se demander la question :  “Si moi j’étais à sa place qu’est-ce que je ferais, je ne suis peut-être pas mieux qu’elle.” Il faut être conscient de notre fragilité.

Je vous ai déjà raconté qu’un de mes amis qui disait : “Ah mon gars, le plus vieux, là, j’ai bien de la misère avec… on ne se comprend pas.” Puis moi je me suis mis à rire et je lui ai dit : “C’est parce qu’il te ressemble tellement, que c’est comme un miroir et ça te rappelle tes défauts. Il faut essayer de passer par-dessus ça!” Et souvent quand on fait un reproche à quelqu’un : “Pis moi-là, je ne suis peut-être pas mieux que ça!”. Déjà ça nous ralentit sur les reproches, ça nous aide à être humbles, à être sages. Et le Seigneur continue en disant : “Bien si ça ne marche pas, prend des témoins, et essayez de régler ça à l’amiable”. Pourquoi? Parce qu’Il veut qu’on vive non pas comme des païens qui se compétitionnent mais comme des frères. Parce que Lui est notre Père. On pourrait y repasser mais ce n’est pas juste une prière le Notre Père, c’est la réalité qu’on traduit dans une prière, on a un Père commun. Et les chrétiens et les croyants le croient, d’autres peut-être n’y croient pas ou l’on oublié mais c’est notre devoir de se sentir responsable les uns des autres. Je fais de toi, disait le texte de tout à l’heure du prophète, un guetteur, quelqu’un qui a une espèce de soucis sur la communauté. La première communauté dont on a de soucis, c’est notre famille, nos parents, nos amis. Ça veut pas dire qu’on peut aimer, croire à la place de l’autre mais se soucier du besoin de l’autre, de ses peines, de ses recherches, et même de ses défauts. Pas pour lui en faire des reproches mais essayer de l’amener à être meilleur. Notre seigneur nous dit dans l’Évangile : “Quand plusieurs sont réunis pour prier, ça a toujours de l’efficacité…”. Des fois on a de la misère à s’entendre, prions pour ceux avec lesquels c’est plus difficile, ceux avec lesquels on a de la misère à se comprendre, prions pour ces personne-là. Je vous rappelle souvent ce que Saint Augustin disait il y a bien longtemps, des fois on entend des parents dirent ou des gens malades : “C’est-tu plate, on a élévé nos enfants, on les a fait baptiser, ça a pas l’air à les intéresser beaucoup!” Ils ont tellement d’autres sujets à voir, d’autres réalités dans ce monde de compétition, de paraître, souvent la religion ça finit en dernier, quand ça vient. Mais Saint Augustin vivait déjà, il y a plein de siècles, cette réalité. Et je répète ça souvent parce que ça nous touche beaucoup. Si vous n’êtes pas capable de parler de Dieu à vos enfants parce qu’ils ne vous écoutent pas et qu’ils n’ont pas l’air à être intéressés, toujours parlez à Dieu de vos enfants. Confiez-là ces enfants, ces petits enfants, ces amis avec lesquels vous voulez avoir de meilleurs liens, lesquels vous voudriez voir un peu plus croyants. Mais en même temps on n’a pas à juger la foi, c’est difficile, la foi c’est une expérience d’abord interne. Et on serait surpris parfois d’entendre ce que des personnes peuvent vivre dans leur cœur sans l’exprimer extérieurement.

Alors c’est un moment pour nous poser la question, comme Saint Paul disait : “Veuillez n’avoir de dettes envers personne sinon celle que d’avoir de l’amour pour elle car celui qui aime les autres accompli la loi, la seule loi que Dieu nous a donné”. La loi des commandements de Dieu ne faites pas ci, ne faites pas ça, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de meurtre, ne commets pas de vol, ne convoite pas. Ça c’est l’envers, l’endroit de cette loi-là, c’est : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tu mettras de l’amour dans tes liens. Et Moi, Je suis cette source d’amour qui peut t’aider à vaincre les difficultés il y a des personnes c’est difficile de s’entendre, s’agit pas de courir après pour se venger mais parfois de même prendre un retrait pour essayer de retrouver une autre façon de se comprendre. Mais toujours ne pas oublier pour ces personnes qui peut être sont plus loin de nous, dans notre pensée, qui nous ont peut-être beaucoup blessé et demander au Seigneur : “… je t’ai confié je ne peux pas l’aimer pour tout de suite c’est difficile j’ai de la misère à pardonner” mais pardonne-leur parce qu’ils ne savent ce qu’ils font (c’est Jésus sur la croix), puis prend ça sur toi puis aide-moi à trouver le chemin de la réconciliation et de la paix dont tu es la source. Et cette source aujourd’hui c’est l’Eucharistie, c’est le pain que nous allons partager qui nous donne la force de vraiment mieux t’aimer, de nous aimer entre nous-autres, de nous entraider, de nous soutenir, de nous encourager et de ne jamais désespérer de l’amour, de l’amitié qui peuvent naître. Parce que l’amour et l’amitié, c’est le don de Dieu que nous allons célébrer et renouveler dans le partage de l’Eucharistie.

Amen.

Photo credit: rolands.lakis via Visualhunt.com / CC BY