Homélie du 8e dimanche ordinaire 2014

L’homélie du 8e dimanche ordinaire avec Denis Cournoyer, à l’église Saint-Stanislas d’Ascot Corner, le 2 mars 2014.

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Alors frères et soeurs, ça fait déjà plusieurs dimanches que nous méditons sur ce long « Sermon sur la montagne », puis aujourd’hui, ça adonne bien drôle, à la fin de février, le début de mars plutôt, c’est le temps des REERs. Avez-vous acheté vos REERs? Ça fini demain ça a l’air, j’ai entendu ça à la radio en m’envenant et c’est le temps des impôts encore… puis les gens avec tout ça, arrêtez donc de vous énerver avec l’argent, vous trouvez pas ça un peu curieux?

Bon, première chose que je veux vous dire c’est que dans l’Évangile de la parole de Dieu, l’argent c’est pas mauvais, jamais c’est déclaré mauvais, mais c’est l’usage qu’on en fait ou la façon de s’en procurer. L’argent ça peut devenir facilement un maître épouvantable et Jésus nous dit aujourd’hui que nous devons faire un choix entre Dieu et l’argent.

Ça ne veut pas dire qu’on a pas besoin des choses pour manger, pour se vêtir, pour se chauffer, avec l’hiver qu’on a là cette année! Puis en donner un petit peu à la paroisse aussi: on a besoin d’argent. Mais il nous dit que ça ne doit pas être le premier soucis de votre vie, parce que c’est vrai que c’est important d’avoir des vivres.

 Je dis ça souvent aux jeunes couples qui se préparent pour le baptême de leurs enfants, je vais encore en baptiser un cet après-midi là, les parents ça se dévoue beaucoup pour que l’enfant ait tout le bien-être qu’il faut et quand il va grandir on veut qu’il ait une bonne éducation, qu’il soit bien traité, c’est normal, mais ça ne nous donne pas des raisons de vivre. Des raisons de vivre, j’ai essayé d’en acheter en ville et ça ne marche pas, je ne sais pas, il n’y a pas d’icône là-dessus : j’ai été aux magasins et ils n’en vendent pas “des raisons de vivre”! Ça ne vient pas de ce qu’on a mais de ce qu’on est, et c’est bon ce matin, et à travers des fois les soucis qu’on se fait, et je  vais dire comme mon père disait à ma mère: “Tu t’énerves pour rien et demain tu vas être obligé de continuer”.

 Il disait ça souvent, il était un qui était toujours là, qui était toujours très calme et maman elle se souciait parfois beaucoup des choses … des choses du futur. “Arrête de t’énerver, on verra à ça demain”, des fois peut-être qu’il avait raison et peut-être des fois qu’il n’avait pas raison aussi.

 Alors le texte d’aujourd’hui, le plus beau, ce que j’ai entendu en première lecture : Jérusalem disait… et peut-être des fois que ça vous arrive et même moi de s’être abandonné, de s’être oublié, j’entends ça souvent: “Monsieur le curé, je pense que le bon Dieu m’a oublié, je pense qu’il ne m’écoute plus, je ne sais pas s’il est devenu sourd, c’est peut-être la mode, il ne m’écoute plus, mais je lui parle et il ne m’écoute pas, ça ne marche pas comme je voudrais…”

 Et c’est quoi la réponse de Dieu? “Est-ce qu’une femme, est-ce qu’un homme pourrait oublier son enfant, le rejetter, le négliger, de l’abandonner même s’ils le veulent… Moi, dit Dieu, je ne t’oublierai jamais!”

 Ça s’est la base même de notre foi, la foi ce n’est pas nous autres qui se sont donné la foi. C’est Dieu qui nous dit que chacun de nous autres, et pas juste le monde qui est dans l’église ce matin, chaque être humain a comme une inscription spéciale de son nom dans le coeur de Dieu.

 Et Dieu veille sur nous comme le faites la plupart d’entre vous sur vos enfants et sur vos petits-enfants; vous vous inquiétez, vous vous souciez pour qu’ils aient tout ce qu’il faut pour vivre et Dieu dit: “Moi aussi ” et alors il nous dit aujourd’hui « Essayez de ne pas trop vous énerver, essayez de prendre ça au jour le jour. » ,évidemment en prévoyant un peu l’avenir, et il n’y a pas que l’avenir.

 J’écoutais quelqu’un qui me disait l’autre jour: “Un homme…” ça arrive souvent à des hommes, mais ça peut être des femmes aussi maintenant.”… il va se ruiner la santé pour garder de l’argent, pour gagner de l’argent, puis quand il l’a gagné il va se ruiner pour retrouver sa santé.” Alors, il n’aura pas eu le temps de vivre tous les jours, puis il n’aura pas le temps de vivre demain parce qu’il va être parti. Alors il y a une sagesse dans ça et cette sagesse là on la retrouve même dans le Notre Père.

 Quand on dit Notre Père, on dit: “Donne-nous notre pain de ce jour”. Hier il est trop tard, puis demain ça viendra. À chaque jour on doit quêter le pain, bien sûr le pain qu’on a besoin de manger dans nos corps on le gagne, mais aussi le pain qu’on a besoin pour trouver un sens à notre vie, le courage de vivre, malgré des fois les épreuves, les difficultés, les questionnements qu’on se posent. Et ça s’est important… au jour le jour.

 Et comme je dis, ça ne veut pas dire qu’on ne prévoit pas pour demain mais avant de vivre demain, il faut commencer par vivre aujourd’hui et le Seigneur nous dit: “Cherches d’abord le Royaume de Dieu”. Ça veut dire quoi? N’ayez pas le soucis d’avoir et de ramasser pour vous mais ce que vous avez reçu en travaillant, que vous avez reçu de votre intelligence, de vos dons, de vos talents, il faut aussi que ça serve pour les autres.

 Saint Paul disait tout à l’heure que nous sommes des serviteurs, des intendants: un intendant c’est quelqu’un qui travaille pour un autre gars, qui travaille au service d’une autre personne. Et tous les talents, l’argent, les diplômes qu’on a reçu, les titres même ne doivent pas servir à notre gloire mais à servir à s’entraider. Si chacun et ça bien sûr c’est un rêve, mais si chacun de nous autres était préoccupé de partager avec les autres ce que nous avons, notre argent, notre temps, nos talents, peut-être que ça irait mieux dans notre monde.

 Et notre monde actuellement, c’est beaucoup: “Penses à toi là, que toutes tes affaires… dépêches-toi à travailler plus vite pour avoir ta liberté à cinquante-cinq ans, puis après ça tu t’ennuieras pour le restant de tes jours puis te demander “que cé faire?“.” C’est vrai! au fond làle Seigneur nous dit: “Arrête! Prend le temps de te reposer, prend le temps de retrouver tes habitudes”. C’est ce que  quelqu’un disait l’autre jour: « La vie passe tellement vite et j’ai travaillé tellement fort que je n’ai pas eu le temps de voir mes enfants grandir.»

 Pourtant ce qui est important c’est pas juste l’argent qu’on ramasse, c’est sûr que ça en prend puis c’est aussi de vivre au jour le jour, année après année, les saisons… prendre le temps de se renconter, de se retrouver, les époux, les familles, les amis, ça s’est peut-être le pain quotidien dont nous avons besoin.

 Travailler au Royaume de Dieu, c’est d’essayer d’établir notre monde, non pas dans la consommation de toutes sortes de choses, d’accumuler et d’accumuler mais surtout de partager. Je vous redis ça souvent, je radote parce que je commence à vieillir moi aussi: « Tout ce qu’on a reçu qu’on garde pour soi, on finit par le perdre. Tout ce qu’on a reçu et on a reçu beaucoup de Dieu et de la vie, si on sait le partager, on sait le multiplier aussi. » Ça se donne, comme à l’émission “Donner au suivant“. C’est à peu près ça le principe de l’Évangile, donner au suivant, vous êtes les intendants, vous êtes les serviteurs de Dieu. Ce qu’il vous a donné, partagez-le et il n’y aura jamais personne qui va rien manquer.

Alors ce matin le Seigneur partage sa présence dans l’Eucharistie, remercions-le pour nous avoir donner cette confiance “Je ne vous abandonnerai jamais.”

 C’est d’avoir la des fois la tentation de penser que Dieu m’a oublié, rappelez-vous de ce qu’il a dit ce matin: « Un homme, une femme pourrait-il oublier son enfant? Peut-être, mais moi je ne t’oublierai jamais parce que tu as ta place unique dans mon coeur de Dieu ».

 Célébrons ce Dieu, prions-le dans l’Eucharistie pour qu’il nous donne à la fois la confiance pour recevoir ses dons, le courage, la force de les partager avec ceux qui en ont besoin.

 Amen!